Le chien est réputé être le meilleur ami de l’homme. Il n’est donc pas surprenant qu’il occupe une place de choix dans nos expressions et dictons populaires pour illustrer des situations variées de notre quotidien, que ce soit pour décrire un temps exécrable ou pour caractériser des relations houleuses. Bien qu’omniprésent, le rôle du chien dans nos expressions demeure néanmoins méconnu par bon nombre d’entre nous. Partons à la découverte de ces locutions où cet animal, tantôt fidèle compagnon, tantôt adversaire hargneux, dévoile toute la richesse et la complexité de la langue française.

Les expressions utilisant le mot « chien »

Il est impossible de reprendre ici tous les dictons qui font allusion au chien, mais voici les plus courantes, avec leur signification et leur origine. 

Avoir du chien

Signification : avoir du charme, un certain magnétisme, voire une forme de séduction un peu sauvage. Elle s’emploie surtout en référence à une femme.

Origine : elle n’est pas claire, elle pourrait venir : 

  • Soit du XVIIe siècle et se baserait sur une forme ancienne de l’expression, « avoir un chien », qui signifiait « avoir du goût » ou « avoir du flair ». Par extension, « avoir du chien » aurait donc commencé à signifier « avoir du charme ».
  • Soit du monde du théâtre. Elle signifiait à l’origine « avoir du mordant » ou « avoir du tempérament », et serait devenue par extension « avoir du charme » ou « avoir de la séduction ».

Être comme chien et chat 

Signification : être en perpétuel conflit. Elle est couramment utilisée pour décrire des frères et sœurs qui se disputent beaucoup, ou toute paire de personnes qui ont du mal à s’entendre.

Origine : elle remonte à plusieurs siècles. En effet, dans de nombreuses cultures, les chiens et les chats sont traditionnellement considérés comme des ennemis, principalement en raison de leur comportement naturel. Les chiens sont des animaux de meute qui ont tendance à chasser, tandis que les chats sont plutôt solitaires et sont souvent perçus comme une proie par les chiens. De plus, les chiens et les chats ont des modes de communication très différents, ce qui conduit à des malentendus et des conflits. L’expression « être comme chien et chat » a donc été créée pour refléter cette idée d’une animosité naturelle et d’un conflit constant.

Être comme chien et chat

Faire un temps de chien

Signification : faire un temps très mauvais.

Origine : elle est apparue pour la première fois dans la littérature française au début du 19e siècle. On pense que l’association du « chien » avec le mauvais temps vient de l’idée que les jours de mauvais temps sont des jours où on ne voudrait pas sortir un chien, ou des jours où seul un chien errant serait dehors. Cependant, l’origine précise de cette expression n’est pas connue, et cette explication est principalement basée sur l’association historique du chien avec des choses négatives ou désagréables dans la langue et la culture française.

Entre chien et loup

Signification : à la tombée du jour, lorsque la lumière est trop faible pour distinguer un chien d’un loup. Plus précisément, elle fait référence au crépuscule, juste après le coucher du soleil, quand il commence à faire sombre, ou à l’aube, juste avant le lever du soleil, quand la lumière commence à poindre.

Origine : elle est ancienne et se retrouve dans de nombreuses langues et cultures, souvent avec des variantes légèrement différentes. Le terme « chien » a souvent fait référence aux animaux familiers ou domestiques, tandis que le « loup » désignait des animaux sauvages. Ainsi, « entre chien et loup » symbolise également une sorte de frontière entre le familier et l’inconnu, le sécuritaire et le dangereux, le civilisé et le sauvage.

Avoir un mal de chien (variante : se donner un mal de chien)

Signification : avoir une grande difficulté ou une souffrance intense. Elle peut se référer à une douleur physique, mais aussi à une tâche ardue ou à un effort considérable pour accomplir quelque chose. 

Origine : elle est un peu incertaine, mais il semble que le terme « chien » ait été utilisé dans un sens figuré pour insister sur l’idée de douleur ou de difficulté. Cette utilisation du terme « chien » pour amplifier le sens d’une expression est courante en français.

Chien qui aboie ne mord pas 

Signification : ceux qui parlent beaucoup sont souvent les moins dangereux. Autrement dit, les menaces verbales ne se traduisent pas toujours par des actions.

Origine : elle vient de l’observation du comportement des chiens. Un chien qui aboie est souvent perçu comme essayant de dissuader ou d’avertir, plutôt que comme étant prêt à mordre ou à attaquer. On retrouve des variations de ce proverbe dans de nombreuses cultures à travers le monde. Cependant, comme pour beaucoup d’expressions, il est difficile de déterminer l’origine exacte ou la première utilisation.

Se regarder en chiens de faïence

Signification : se regarder avec méfiance, hostilité ou suspicion, souvent sans rien dire.

Origine : les termes « chien de faïence » font référence aux statuettes en faïence, une forme de céramique, qui étaient populaires dans les foyers français aux 18e et 19e siècles. Appréciées pour leur aspect décoratif, elles représentaient souvent des chiens. Elles étaient généralement placées sur des étagères ou des cheminées, leur regard fixe et inexpressif était donc toujours dirigé vers l’avant. L’expression « se regarder en chiens de faïence » a probablement émergé de l’idée que deux personnes qui se fixaient avec hostilité ou méfiance avaient le même regard que ces statuettes.

La première mention connue de cette expression date du 19e siècle. Elle est attribuée à l’écrivain français Honoré de Balzac, qui l’a utilisée dans son roman « La Rabouilleuse » (1842) pour décrire un échange de regards tendus entre deux personnages.

Se regarder en chiens de faïence

Avoir une vie de chien

Signification : avoir une vie très difficile. Elle est généralement utilisée pour exprimer de la sympathie pour quelqu’un qui traverse une période particulièrement dure ou pour exprimer son propre mécontentement ou sa frustration face à des conditions de vie pénibles.

Origine : elle remonte à une époque où les chiens étaient souvent maltraités et vivaient dehors, souvent attachés. Avant que les lois sur la protection des animaux ne soient largement adoptées et appliquées, beaucoup de chiens étaient mal nourris, malades, ou battus.

Cette expression est un bon exemple de la manière dont les expressions populaires et les proverbes reflètent les conditions sociales et culturelles d’une certaine époque. Heureusement, les attitudes envers les animaux de compagnie et leur bien-être ont considérablement évolué depuis que cette expression est devenue courante.

Travailler comme un chien 

Signification : travailler très dur, de manière intense, souvent jusqu’à l’épuisement.

Origine : l’origine précise est inconnue, mais elle semble provenir du fait que les chiens étaient souvent utilisés pour effectuer des travaux physiques éreintants dans le passé. En effet, ils devaient tirer des charrettes, garder des troupeaux ou aider à la chasse, ce qui nécessitait beaucoup d’efforts physiques.

Cependant, il est important de noter que, tout comme la plupart des autres expressions qui utilisent le mot « chien », elle n’est pas à prendre au sens littéral. C’est plutôt une figure de style qui utilise l’image du chien pour exprimer une idée ou un sentiment.

Quand le chien aboie la caravane passe

Signification : malgré les critiques, les insultes ou les interruptions, la vie continue. En d’autres termes, elle encourage à ignorer les distractions, les oppositions ou les perturbations et à continuer d’avancer vers son objectif.

Origine : il s’agit d’une version francisée d’un proverbe d’origine arabe. Il fait référence aux caravanes de marchands qui traversaient le désert. Les chiens aboyaient à leur passage, mais cela n’empêchait pas les caravanes de poursuivre leur chemin.

L’expression illustre l’idée que les aboiements (symbolisant les critiques, les insultes ou tout autre forme de négativité) ne sont que du bruit de fond, et qu’il est préférable de continuer à avancer sans se laisser détourner de son chemin.

Être comme un chien dans un jeu de quilles

Signification : être mal à l’aise, ne pas savoir quoi faire, avoir l’impression de perturber une situation, souvent sans le vouloir.

Origine : vient de l’ancien jeu de quilles, une activité populaire en France et dans d’autres pays européens depuis le Moyen Âge. Le jeu consistait à lancer une boule ou un autre objet pour renverser des quilles (l’ancêtre du bowling actuel). Si un chien entrait dans un jeu de quilles, il perturberait le jeu en renversant les quilles. C’est par analogie à cette situation que l’expression est née.

Être comme un chien dans un jeu de quilles

Être malade comme un chien 

Signification : être très malade.

Origine : l’utilisation du mot « chien » dans cette expression n’a pas de lien particulier avec l’animal lui-même, mais est plutôt un intensificateur, une façon d’exagérer l’état de maladie.

Être fidèle comme un chien

Signification : décrit une personne qui est très loyale ou dévouée.

Origine : elle repose sur la longue histoire de la relation entre l’homme et le chien. Depuis des milliers d’années, les chiens ont été domestiqués par les humains et ont joué de nombreux rôles, notamment ceux de gardiens, de compagnons, de chiens de travail et de chiens de chasse. Au fil du temps, ils ont acquis une réputation de fidélité et de dévouement envers leurs maîtres, même lors de situations difficiles.

Les expressions qui font allusion au chien

Ici aussi, impossible d’être exhaustif car la liste serait trop longue. Cependant, voici les principales citations.

Reprendre du poil de la bête

Signification : lorsqu’une personne qui était malade ou affaiblie retrouve des forces, de l’énergie ou du courage.

Origine : elle remonte au Moyen Âge, c’est une métaphore tirée d’une ancienne croyance. À cette époque, on disait que lorsqu’une personne était mordue par un loup (ou un chien considéré comme enragé), le meilleur remède était d’appliquer sur la plaie des poils de l’animal qui avait mordu. Il s’agissait bien sûr d’une superstition, sans fondement médical.

Être sur les talons de quelqu’un 

Signification : suivre quelqu’un de près, ne pas le laisser tranquille, avec l’intention de le rattraper, de le surpasser ou de ne pas le perdre de vue.

Origine : elle trouve ses racines dans l’observation des chiens de chasse. Quand un chien de chasse est sur une piste, il marche sur les empreintes de sa proie et suit son odeur avec une telle détermination qu’il est très difficile de l’en détourner.

Être aux abois

Signification : être dans une situation désespérée. Elle est généralement employée pour décrire une situation de détresse extrême, où les options sont épuisées et où la défaite ou l’échec semble inévitable.

Origine : elle remonte à l’époque de la chasse à courre. Dans ce type de chasse, les chiens de chasse, appelés chiens courants, poursuivent le gibier jusqu’à ce qu’il soit épuisé. Lorsque l’animal traqué est à bout de forces et qu’il ne peut plus fuir, il se retrouve « aux abois », c’est-à-dire qu’il est contraint de faire face aux chiens qui aboient pour signaler aux chasseurs que la proie est sur le point d’être capturée.

Être aux abois

Avoir du flair

Signification : être capable de discerner ou de deviner quelque chose instinctivement. Elle est souvent utilisée pour décrire une personne qui a une capacité innée à sentir les bonnes opportunités ou à détecter les problèmes avant qu’ils ne surviennent.

Origine : elle provient de l’observation des chiens. Le flair est l’aptitude qu’a un chien à suivre une piste grâce à son odorat extrêmement développé. Par extension, l’expression « avoir du flair » est utilisée pour décrire une personne qui a une capacité à « sentir » les choses, à percevoir intuitivement ce qui n’est pas immédiatement visible ou évident.

Aboyer après quelqu’un 

Signification : critiquer ou réprimander quelqu’un de manière agressive ou bruyante.

Origine : c’est une métaphore tirée du comportement des chiens qui aboient lorsqu’ils sont en colère, effrayés, excités ou territoriaux.

Avoir les crocs

Signification : avoir très faim, à l’image d’un animal affamé qui montre ses crocs. 

Origine : elle n’est pas précisément définie, mais elle repose sur la métaphore de l’animal affamé. En français, le mot « crocs » est souvent utilisé pour désigner les grandes canines pointues que l’on trouve chez de nombreux animaux carnivores, y compris les chiens. 

Il est à noter que cette expression est assez familière et est principalement utilisée dans le langage parlé.

Tout au long de cet article, nous avons exploré les diverses manières dont le chien, fidèle compagnon de l’homme, s’est gravé dans notre langage et notre culture à travers des expressions colorées et évocatrices. Qu’il soit perçu comme fidèle, courageux, malade ou aux abois, le chien est devenu une métaphore de nos émotions et de nos situations quotidiennes. 

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